Les problématiques du thermicien

Le BBC et l’électricité

La consommation globale déterminée dans le calcul réglementaire s’exprime en kWh.ep / m2 / an. L’indice « ep » des kWh signifie « énergie primaire », autrement dit, l’énergie brute que l’on utilise en amont de toute transformation (bois, charbon, pétrole, gaz, uranium, etc...).
Il y a donc une différence entre les kWh que le consommateur paie sur sa facture énergétique et celle utilisée dans le calcul réglementaire. Pour un projet BBC, la conversion est la suivante :

- 1 kWh gaz / fioul = 1 kWhep
- 1 kWh électricité = 2,58 kWhep
- 1 kWh bois = 0,6 kWhep et à partir du 1er janvier 2012, 1 kWh bois = 1 kWhep.

On remarque aisément que ce raisonnement pénalise l’énergie électrique. C’est pourquoi il est extrêmement difficile de prétendre à une certification BBC avec du chauffage électrique et bien plus encore avec un ballon d’eau chaude électrique. Il représente à lui seul une consommation moyenne de 60 kWhep/m2.an, ce qui ne laisse plus aucune place aux autres consommations.

Autant pour le chauffage il est possible de réduire la consommation avec un niveau d’isolation suffisant. Autant pour la production d’eau chaude sanitaire, il n’y a pas d’autre alternative que d’installer un ballon solaire ou un ballon thermodynamique.

Le tout électrique de base n’est plus une solution pour atteindre le niveau BBC.

Le syndrome de la petite surface

L’une des difficultés majeures dans le calcul réglementaire est de parvenir à un objectif BBC avec un logement ayant une surface inférieure à 90 ou 100 m2. Nous rappelons que le résultat s’exprime en kWhep/m2.an, il s’agit donc de kWh rapportés à une surface.

On constate à travers différents calculs qu’il y a très peu de différences entre les besoins (chauffage et eau chaude sanitaire) d’un T4 de 110 m2 qu’un T4 de 80 m2. Cette différence oscille entre 10 et 15%. En revanche la différence surface est bien plus conséquente, près de 30%. Nous avons donc une consommation quasiment identique qui est divisée par des surfaces avec des écarts importants. Il est donc évident que la grande surface divisera davantage la consommation globale du bâtiment que la petite surface.

Consommation RT = kWhep/m2.an = kWhep (varie très peu) / m2 (varie beaucoup)

Observons ce qu’il se passe pour un appartement de type F4 en faisant varie la superficie :

Superficie Besoin en eau chaude Consommation ECS
kWhep/m2/an
Consommation Chauffage
kWhep/m2/an
Consommation Globale
kWhep/m2/an
110m2 2036 kWh 27 66,9 109,9
902 1868 kWh 32,1 72,5 121,1
802 1768 kWh 34,5 78,1 130,8

(chaudière gaz condensation sur radiateurs et isolation supérieure aux gardes fous réglementaires)

Cette différence s’observe même avec des logements de typologie différente. Il s’agit d’un fait, la méthodologie réglementaire favorise les plus grandes surfaces et défavorise les plus petites.

Une correction est apportée dans la RT2012 en pondérant les objectifs réglementaires par un coefficient suivant la surface du bâtiment.

La ventilation et l’étanchéité à l’air

Il est préconisé par l’ADEME la chose suivante :

« On peut assurer une bonne aération sans gaspiller trop de chaleur en ouvrant ses fenêtres, radiateurs fermés, pendant cinq à dix minutes par jour »
. La ventilation est essentielle pour une bonne qualité de l’air à l’intérieur du bâtiment. Il s’agit pourtant là d’une pratique de moins en moins adoptée par la majorité d’entre nous. Et nous remarquons que de plus en plus de pathologies liées à des problèmes d’humidité font leur apparition dans les logements. Les ouvertures de fenêtres se font rares, les entrées d’air sont calfeutrées (pour éviter les courants d’air frais), etc.... À ces logements, il est essentiel d’installer un système de ventilation mécanique. La plupart des logements anciens sont épargnés grâce à leur défaut d’étanchéité à l’air qui représente une part importante de la consommation de chauffage du logement. Certaines campagnes de mesures réalisées lors de nos différents audits ont montré que le débit d’air lié aux défauts d’étanchéité étaient 3 à 4 fois plus important que les débits sanitaires réglementaires indiqués dans l’arrêté de 1982. Maîtriser l’étanchéité contribue donc à économiser de l’énergie.

Nous avons souvent eu affaire à la remarque suivante :

« Pourquoi demande-t-on de calfeutrer nos fuites alors qu’en parallèle il faut faire des trous dans les fenêtres (entrées d’air) ? »
Remarque logique qui rappelle le fait que nous bouchons des « trous » d’un côté pour en creuser d’autres ailleurs. Pour autant, il ne faut pas croire que les entrées soient des « trous » aussi importants que ceux liés aux défauts d’étanchéité. Bien au contraire. Nous rappelons que les défauts d’étanchéité agissent comme de l’air parasite au bon fonctionnement du renouvellement d’air, contrairement aux entrées d’air qui permettent de réguler le débit nécessaire au renouvellement d’air. Il s’agit là de maîtriser un débit d’air suffisant.

Bien sûr, il est important de pratiquer l’ouverture des fenêtres lorsque l’on habite un logement ancien. Cependant, en terme d’efficacité énergétique, ceci ne pourra pas remplacer un renouvellement d’air effectué avec une V.M.C , même avec la consommation d’un ventilateur en plus.

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